L’hommage, rite créateur du rapport vassalique

Hommage qui dérive de la recommandation de l’époque franque, apparait comme la clef de voute de la représentation de personnes et de pouvoirs.

L’hommage est un acte solennel par lequel un homme se place volontairement dans la situation de dépendance, donc de vassalité vis-à-vis d’un chef plus puissant que lui. 

Ce rite crée un engagement personnel, (intuitu persone) permanent et inégal. Les 2 hommes doivent être présents en personne quel que soit leur rang.

Acte solennel donc public. Le futur vassal se présente devant son seigneur, tête nue, sans épée et sans éperons, signe de paix. Il s’agenouille devant le seigneur, signe d’inégalité, puis place ses mains jointes dans celles du seigneur (symbole de dépendance) et il demande au seigneur de l’accepter, de le recevoir « comme son homme ».  Ce futur vassal prononce une brève formule par laquelle il se reconnait l’homme du seigneur. Le seigneur déclare l’accepter comme vassal et le relève. Ensuite ils s’embrassent sur la bouche en signe d’amitié et de confiance, d’où l’expression « hommage de main et de bouche ».

Ce cérémonial purement laïc va être rapidement complété par la foi, qui est d’abord un engagement d’honneur puis il devient un rite religieux. Le nouveau vassal jure sur les évangiles ou sur les reliques d’être fidèle à son seigneur « foi et hommage ». 

L’hommage est suivi par la remise symbolique du fief par le seigneur à son nouveau vassal, remise d’une épée, d’un étendard. Cette remise est suivie de la montrée quand c’est possible, à partir du 13^ème on dresse désormais un acte écrit de la cérémonie, qui servira de preuve. Ce document décrit le fief concédé -> le dénombrement.

A l’origine, l’investiture est une conséquence de l’hommage. L‘élément concret, stable, le fief apparait comme essentiel. Résultat : au bout de quelques siècles, les vassaux perdent de vue la concession primitive pour considérer que le fief est intégré à leur patrimoine, alors il ne s’agit que d’une concession même si le fief se transmet héréditairement. A la fin du moyen âge, la signification originelle primitive de l’hommage s’est transformée, désormais les vassaux considèrent l’hommage comme un acte créateur de subordination territoriale, ou même comme une simple charge pesant sur le fief.