Guerre et paix dans la sté féodale

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  • Created by: Hope
  • Created on: 21-04-17 09:09

La pratique des guerres

 Le 1er âge féodal (10ème – 13ème siècle)

Caractérisé par l’insécurité, par le retour du recours à la vengeance privée du fait de l’effondrement du pouvoir central.

Par son mode de vie et l’exercice du pouvoir, le monde seigneurial constitue une aristocratie militaire.                                La désagrégation de l’ordre juridique de l’empire carolingien a laissé la place à un état de violence endémique faute d’un pouvoir supérieur à respecter. Cette habitude de la vengeance privée se développe de nouveau.

Cependant, à mesure que l’organisation féodale va se faire plus précise et que la classe des chevaliers prend conscience de sa spécificité, de son rôle, le recours à la guerre va tendre à devenir un privilège de l’aristocratie militaire.

Dans cette sté, le morcellement des justices et donc des pouvoirs est aussi une cause de la violence/de la guerre. En effet, faire la guerre est un droit et même un devoir pour le seigneur justicier parce que celui qui assure la fonction de justice peut et doit prendre les armes pour assurer la réalisation de cette justice. 

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Les différentes catégories de belligérants

La guerre féodale est une lutte entre 2 groupes, derrière le chef (seigneur) qui décide la guerre, les solidarités sociales vont entrainer d’autres individus:

le lignage ; le chef de guerre engage avec lui les hommes de son lignage, ce qui correspond à la solidarité familiale dans la poursuite de la vengeance, cette solidarité est très fortement ressentie jusqu’au 13ème siècle. Le lien de parenté qui entraine l’obligation de soutien militaire existe aussi loin qu’est interdit le mariage entre parents, cad à l’origine jusqu’au 7ème degré de parenté (alors que personne ne connait son parent au 7ème degré) ; au 13ème siècle selon le droit canonique on limite au 4ème degré de parenté. Sont exemptées les femmes, les vieillards, les mineurs, les ecclésiastiques, les pèlerins

 les vassaux ; au début de l’époque féodale, l’obligation des vassaux peut s’étendre à toute la belle saison, les coutumes féodales finissent par préciser cette obligation en la réduisant.

-          Service d’host : obligation de servir 40 jours d’affilé par an

-          Service de chevauchée : ne permet que des raids chez l’ennemi

-          Service de garde des fortifications seigneuriales : les vassaux vont être convoqués à tour de rôle

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Les différentes catégories de belligérants

Les sujets du seigneur : les roturiers ; la sté féodale n’a pas complètement oubli le vieux principe franc obligeant tout homme libre valide à rejoindre l’armée du roi lorsqu’il est convoqué, à l’époque féodale, le roi considère donc qu’il est en droit de requérir « l’aide » de ses sujets roturiers si le royaume est en danger. L’armée du roi comporte notamment les milices de villes de Picardie

En ce qui concerne la défense de la seigneurie, il faut distinguer selon les époques et les circonstances, au 11ème et 12ème siècle, les roturiers peuvent être convoqués pour la garde des fortifications, pour la défense armée, participation des milices des villes à la défense du seigneur. Au 13ème siècle, le rôle des roturiers se réduit, les guerres féodales ayant tendance à devenir un privilège des nobles mais les milices des villes peuvent être convoquées par le seigneur si les circonstances l’exigent.

Les mercenaires : le nombre des hommes d’arme provenant de la mobilisation des vassaux parait insuffisant au grand seigneur. Les milices urbaines qui sont souvent numériquement importantes sont d’une efficacité incertaine. Dès le 12ème siècle, les rois et les princes complètent leurs effectifs à l’aide de combattants payés. (soldat = celui qui perçoit une solde) Ce sont également des hommes qui sont recrutés pour les besoins d’une expédition et licenciés immédiatement à la fin de cette expédition.  

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Les différentes catégories de belligérants

Les effectifs mis en ligne sont faibles : les grands seigneurs mettent en ligne quelques 100aines de chevaliers ; les seigneurs moins importants disposent au max de qques 10aines de chevaliers. L’essentiel des opérations est constitué par des raids de cavalerie sur les terres des adversaires. On essaie de faire des prisonniers pour obtenir rançon. Si l’adversaire ne se réfugie pas dans un château, les batailles décisives consistent en chocs de cavalerie. La prise ou la destruction d’un château constitue l’un des buts de la guerre, c’est une entreprise longue et difficile.

Les guerres féodales ont un aspect très décousu, ces guerres très fréquentes coutent cher aux campagnes ravagées. Le souci de paix a été aussi constant que l’état de violence/de guerre, du moins en dehors de la classe des guerriers professionnels. 

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Les actions de l’église contre la guerre

La doctrine de la guerre juste

Pour l’église, la guerre ne peut jamais être considérée comme un bien en soi par le chrétien. La guerre ne peut pas être entreprise par vengeance, ni par cupidité, ni par désir de gloire, ni par impérialisme, cependant le recours à la guerre cad à la force décidée et exercée par l’autorité publique peut être nécessaire et donc juste pour assurer la défense du droit. Ex : défendre son lignage, ses vassaux, ses sujets… contre une agression injuste, pour faire régner la justice en châtiant les perturbateurs de la paix, défendre les droits de l’église (donc de dieu), ce qui va être à l’origine de la théorie et de la pratique de la croisade.

Cette doctrine est posée dès le debut du 5ème siècle notamment par St Augustin et développée au 12ème – 13ème siècle par les canonistes et par les théologiens et parmi eux notamment St Thomas d’Aquin ;

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Les actions de l’église contre la guerre

La doctrine de la guerre juste

Pour l’église, la guerre ne peut jamais être considérée comme un bien en soi par le chrétien. La guerre ne peut pas être entreprise par vengeance, ni par cupidité, ni par désir de gloire, ni par impérialisme, cependant le recours à la guerre cad à la force décidée et exercée par l’autorité publique peut être nécessaire et donc juste pour assurer la défense du droit. Ex : défendre son lignage, ses vassaux, ses sujets… contre une agression injuste, pour faire régner la justice en châtiant les perturbateurs de la paix, défendre les droits de l’église (donc de dieu), ce qui va être à l’origine de la théorie et de la pratique de la croisade.

Cette doctrine est posée dès le debut du 5ème siècle notamment par St Augustin et développée au 12ème – 13ème siècle par les canonistes et par les théologiens et parmi eux notamment St Thomas d’Aquin ;

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Les actions de l’église contre la guerre

Ces mesures concrètes sont destinées non pas à interdire la guerre puisque la guerre est un droit, un devoir pour le seigneur justicier, elles ont pour but de restreindre la pratique des guerres (privées)

1.       La « paix de dieu »

Destinée à protéger les individus pacifiques : les clercs, les femmes, les enfants, les vieillards, les voyageurs, les marchands, les pèlerins, et aussi les biens: les biens de l'eglise, les biens des paysans, les récoltes, les animaux de labour, les charrues.

Dans la mesure où elle était respectée, cette paix de dieu avait une portée considérable parce qu’elle réduisait les guerres aux seuls combattants et à leurs seuls biens.

Cette institution apparait d’abord dans le midi, en Aquitaine, sans doute parce que c’est une région particulièrement ravagée par des guerres. 1er témoignage établi dès la fin du 10ème siècle (989) par le synode provincial Charroux puis en 990 par le synode de Narbonne.

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Le paix de dieu

Ensuite cette paix de dieu va être généralisée par le concile de Clermont en 1095, elle sera généralisée au 2nd concil de Latran en 1139. Entre 11ème et 12ème siècle, dans le midi, multiplication des sauvetés (= salvetats) : territoire appartenant à un établissement ecclésiastique (en général) délimité par des croix, ceux qui vivent à l’intérieur de ces limites ne doivent pas être attaqués. Sauvetés se multiplient dans le nord, dans l’est, dans les années 1020 des évêques font rédiger dans leur diocèses des formules de serment de paix qu’ils s’efforcent ensuite de faire jurer et respecter.

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Les actions de l’église contre la guerre

1.       la trêve de dieu

Le but est de limiter la guerre dans le temps. Le concil d’Elne de 1027 interdit tout acte de guerre le dimanche. Les guerres vont être vite interdites du mercredi soir au lundi matin, et pendant les grandes fêtes religieuses. Ces règles sont généralisées pour l’ensemble du Royaume au 1er concil de Latran (1069) et au concil de Clermont (1095)

2.       le 2nd concil de Latran (1139)

Essaie d’imposer des limites aux potentielles guerres, il interdit le recours aux armes trop meurtrières (arc, arbalète) interdiction du recours aux mercenaires.

Ces 3 interdictions (paix, trêve…) n’ont guère été respectées parce que l’église ne dispose comme moyens de contraindre que de l’excommunication (sanction canonique). Les seigneurs les plus batailleurs redoutent peu cette sanction tant qu’ils sont en bonne santé.

Résultat : cette réglementation finit par tomber en désuétude avant le début du 13ème siècle. Malgré tout, l’église va continuer à exercer indirectement son influence en inspirant différentes actions menées par les puissances laïques. 

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Actions en faveur de la paix dans la sté laique

Les réactions populaires

Traduisent nettement un effort en faveur de la paix, mais surtout une hostilité vis-à-vis des guerriers. Certaines de ces réactions sont suscitées par l’église par le biais de confréries populaires (=associations à l’époque), et des ligues de paix.

Réactions spontanées : « encapuchonnés » (ou Velay) qui comprend plusieurs milliers de membres et va se rendre utile en détruisant une troupe de routiers (1183), mais problème : cette confrérie prend rapidement une allure révolutionnaire parce que contestataire de l’ordre établi par Dieu, s’entrainent aux seigneurs locaux -> confrérie détruite par la violence. 

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Actions en faveur de la paix dans la sté laique

Les coutumes et les pratiques du monde seigneurial

A mesure que la caste des nobles prend conscience de sa spécificité, ce groupe va avoir tendance à se réserver la guerre comme une prérogative. A la fin du 13ème siècle, dans l’état de droit qui prévaut en France, seuls les gentilshommes (nobles de naissance) peuvent engager la guerre et y participer. De plus, dans la majorité des coutumes, le droit d’engager la guerre est considéré comme un prolongement du pouvoir de justice, seul le haut seigneur justicier peut engager la guerre pour sauvegarder la paix/le droit.

Parallèlement, les armements se perfectionnent, deviennent de plus en plus couteux. Au 13ème siècle, la guerre privée est de moins en moins à la portée des petits seigneurs.

De plus, le monde seigneurial a lui-même éprouvé le besoin d’ordre et de paix, en absence d’un état de droit supérieur respecté, les seigneurs vont être incités à conclure entre eux des pactes de non-agression/d’alliance. Ex : Dans le Rouergue, à la fin du 12ème et au 13ème siècle un grand nombre de gentilshommes s’allient entre eux pour mettre en place des « institutions de paix »                                                                                                                         

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Les coutumes et les pratiques du monde seigneurial

Certains de ces chevaliers sont payés pour être les « gardiens de la paix », on crée un tribunal pour juger les perturbateurs de la paix et enfin création d’un impôt spécial pour financer ces activités, la « paizade ».

Les pratiques du monde seigneurial conduisent à l’établissement progressif d’une règlementation de la guerre : la guerre doit être engagée ouvertement (ex : échange de menaces caractérisées, de défis)

Fin du moyen âge, dans la pratique princière le défi constitue désormais une cérémonie indispensable, avec des héraults d’armes.

Les grands seigneurs ont également pris l’habitude de proposer leur arbitrage en cas de litige et notamment entre leurs vassaux ou même d’interdire les guerres privées. Guillaume le conquérant crée la « paix du Duc ». 

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L’action du roi de France

Se développe au cours du 13ème siècle lorsque le roi reconstitue progressivement sa souveraineté. 

L' asseurement = utilisation par le roi de la pratique des pactes de non-agression. Au 13ème, le roi charge ses agents d’inviter les seigneurs à conclure entre eux des accords de paix, et l’injonction royale est volontiers accompagnée de la menace de saisir les biens et la personne des seigneurs qui refuseraient de conclure ces pactes. Ce procédé  va contribuer beaucoup au recul des guerres privées au cours du 13ème siècle parce qu’il est redouté des seigneurs. En effet, le bris de l’asseurement est analysé par la cour du roi comme un crime de trahison. 

La « quarantaine – le – roi - Etablie fin 12ème par Philippe Auguste et renouvelée par St Louis (son petit-fils). Interdiction d’attaquer les parents de l’adversaire pendant les 40 premiers jours de la guerre, pour éviter qu’ils ne soient attaqués par surprise. Ce délai doit permettre à toute la parenté d’être informée de l’état de guerre et donc de se mettre en défense.

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L'action du roi de france

Les lettres de sauvegarde

Découlent du devoir de protection du roi. Le roi peut délivrer aux personnes qui les demandent et qui ont des raisons sérieuses de les obtenir des lettres par lesquelles ces personnes sont placées sous la protection personnelle du roi. Toute agression de ces personnes est considérée comme une agression contre le roi lui-même.

Tentative d’interdiction des guerres privées. Louis IX croit possible de couronner sa politique pacificatrice, en interdisant les guerres privées sous influence des doctrines de l’église, dans le domaine royal. Il interdit là où il a l’autorité directe. Il interdit aussi les duels judiciaires, cette mesure est prise en 1258-1259 ( milieu XIIIe ). Cette interdiction heurte de plein fouet les sentiments de la noblesse. Résultat : cette interdiction sera mal respectée du vivant de Louis IX, et peu après sa mort. Les guerres privées n’auront tendance à disparaître qu’à la fin de la guerre de 100 ans. Par exemple, une ordonnance royale de 1439 ( Charles VII ), elle dit que désormais les vassaux ne doivent le service militaire qu’au roi. De plus Charles VII créé une armée permanente soldée par l’État. Pour payer cette armée permanente, création d’un impôt : la taille royale. Au terme d’une évolution de plusieurs siècles, les guerres seigneuriales reculent très fortement, mais elles vont désormais être relayées par les guerres dynastiques entre la France, et l’Angleterre.

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