Ethnocentrisme

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Definition

L’ethnocentrisme est un jugement de valeur que Lévi Strauss définit dans son essaie Race et Histoire comme le fait de juger une culture étrangère selon ses propres normes et ses propres valeurs. Il ajoute aussi qu’il a là, la certitude d’être au centre et même au dessus (cf. étymologie) et donc de considérer sa culture comme étant supérieure aux autres. Ceci s’accompagne de deux postures différentes :

 -Attitude tout à fait légitime de l’identification de l’observateur à sa propre culture. Il est très difficile de faire abstraction de ses repères.

-Parti pris avec la valorisation et la revendication d’une supériorité culturelle de sa propre civilisation. Posture pas du tout légitime. 

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Definition - Négation de la diversité

On peut très bien identifier et reconnaître des différences culturelles mais on ne pas porter de jugement de valeurs. Lévi Strauss  nous dit dans Regards éloignés que « tant que les cultures se tiennent simplement pour diverses, elles peuvent soit volontairement s’ignorer soit se considérer comme des partenaires en vue d’un dialogue désiré (…) La situation devient toute différente quand, à la notion d’une diversité reconnue de part et d’autre, se substitue chez l’une le sentiment de sa supériorité »

A partir du moment où l’en prend conscience de la diversité culturelle et que chez l’un ou l’autre apparaît un sentiment de supériorité et donc le jugement de valeur on tombe dans le piège de l’ethnocentrisme. De plus, au-delà de ce sentiment de supériorité s’ajoute le fait que toute différence soit une anomalie qu’il faut supprimer. En termes d’enjeu de l’ethnocentrisme nous avons donc la colonisation et le principe de développement transféré, en raison de ces postures.

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Definition - Cas des juristes de tradition romanis

Ces juristes là sont très ethnocentristes car ils considèrent le droit occidental dans sa version légaliste comme le modèle juridique absolu et universel. La confusion la plus grave consiste justement à identifier le droit à la loi et le droit à l’Etat. D’une manière plus générale, il refuse la relativité du droit et le fait de remettre en question ces nombreux dogmes en  prétendument irréductibles Ainsi, ils continuent à attribuer à l’Etat le monopole de la création du droit et sont de ce fait très réticents à admettre la pluralité juridique. En fait, ils refusent totalement d’admettre qu’il puisse y avoir dans notre propre système juridique des ordres normatifs secondaires infra étatiques sous l’ordre unitaire apparent de la loi. Les juristes occidentaux sont très attachés à la vision moniste de la société et du droit.

On pourrait imaginer l’ethnocentrisme comme une posture uniquement occidentale alors qu’en réalité il n’en est rien. C’est une posture très ancienne et universelle que l’on retrouve également dans les sociétés traditionnelles.

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Definition - Ethnocentrisme, posture universelle

Le plus marquant est que dans de nombreuses sociétés traditionnelles (ancienne ou moderne), la notion d’humanité s’arrêté aux frontières du groupe. La où on le perçoit le mieux c’est à travers le langage, révélateur d’un jugement de valeur.

Il est très fréquent que dans certaines sociétés, ils se désignent d’un nom les qualifiant d’Homme. En ce qualifiant eux même ainsi, ils vont refuser à tous les autres groupes ce caractère d’humanité (ex : les grecs considéraient comme barbares les peuples dont ils ne connaissaient pas la langue). De manière moins radicale, d’autres sociétés vont utiliser une terminologie gratifiante mais pas humaniste qualifiant ainsi les autres négativement.

Dans le même ordre d’idée, il y a dans le grand nord des ethnies qui coexistent et parmi ces communautés, les Inuits (que l’on retrouve dans différents pays) sont un peuple dont le nom signifie « les véritables hommes » et ils vont qualifier les peuples rivaux vivant dans le même espace d’esquimaux qui veut dire « mangeurs de viande crue » et donc synonyme de sauvagerie.

Chez nous, le terme sauvage, longtemps utiliser pour nommer les peuples traditionnels vient du latin silva signifiant forêt au sens d’hostilité et d’animalité.

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Enjeux de l’ethnocentrisme

1. Ethnocentrisme justification des colonisations et du développement transfére

  • a) Ethnocentrisme et colonisation
  • b) Critères du développement 
  • c) Transfere de developpement
  • d) Glissement des critères du développement
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Ethnocentrisme et colonisation

                La doctrine officielle de l’entreprise coloniale est fondée sur sa mission civilisatrice. L’ethnocentrisme postule la supériorité de la société centrale par rapport aux autres. Puisque la culture française est supérieure, elle est considérée comme étant la civilisation par excellence et donc il est normal et même souhaitable d’en faire profiter toutes les sociétés. Soumettre ces peuples est donc les civiliser, c'est-à-dire leur imposer le modèle culturel français mais aussi en toute bonne foi, les conduire vers un mieux être général.

Pour résumer, le projet et l’entreprise de la colonisation sont fondés sur trois postulats : la valorisation d’une culture considérée comme fondamentalement bonne, la prétention à l’universalisme de ses valeurs et enfin la bonne foi apparente et la conscience de faire le bien.

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Critères du développement

Les critères résultent d’un choix culturel occidental et c’est pour cela qu’ils peuvent être considérés comme ethnocentristes. Ce choix fait pour marquer la notion même du développement est le choix des critères du tout économique. Ainsi, il n’y a encore pas ci longtemps, on parlait de « pays développés », « pays en voies de développement » et de « pays sous développés », il s’agit d’une sorte de classification des nations, de leur niveau.

Les choses, du point de vue sémantique et par rapport à cette classification, ont un peu évolué depuis 1980. Le clivage existe toujours et on parle encore pays développés et sous développés mais cela s’inscrit aujourd’hui dans une sémantique Nord/Sud suivant ce que l’on appelle ligne Brandt (chancelier Allemand qui a inventé cette ligne imaginaire).

D’un point de vue sémantique dire « pays du nord/pays du sud » est un peu moins violent mais les critères du développement sont longtemps restés inchangés.

Longtemps, le critère a été exclusivement économique car on évaluait le niveau de développement d’un pays à partir de la production matérielle et donc le PIB par habitant. Si un pays, en vertu de ce critère, est considéré comme sous développé cela veut dire dans le langage des occidentaux qu’il manque des aptitudes matérielles, intellectuelles et donc culturelles pour se développer.

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Transfère de développement

Il s’agit de proposer, de transférer notre modèle de développement économique car ce modèle est la seule voie de salue. On propose ce modèle économique là comme étant LA solution pour le développement, et cela, sans tenir compte de l’environnement culturel. Concrètement, on va essayer de transférer des moyens et structures de production dans les domaines agricoles et industriels. Cela s’accompagne aussi souvent de nouveau outils juridiques.

Justement, ce type de transfère peut réussir mais aussi échouer et dans ce cas, c’est essentiellement pour des raisons culturelles. En soit, la réussite économique de l’occident n’est pas contestable mais elle n’est pas forcément exportable telle quelle. Ce qui est contestable c’est cette prétention à l’universalisme dans sa version réductrice du tout économique parce que l’Homme n’est pas qu’un agent économique isolé de sa culture. Un mode de production peut éventuellement réussir à condition de que le changement culturelle le précède ou l’accompagne. Sinon il y a un choc des cultures et donc une résistance du modèle traditionnel.

Transférer un modèle économique ne se programme pas dans un plan dans la mesure où les facteurs culturel et chronologique sont déterminants. Il ne faut pas non plus tomber dans l’excès inverse sans aider les pays traditionnels et les laisser évoluer à leur propre rythme en étant dans l’indifférence totale. En effet, il y a une véritable demande de leur part, il faut juste savoir comment le faire dans le respect de la culture de l’autre. Comme nous sommes des nations ethnocentriste, de manière inconsciente on n’a pas de recul suffisant pour opérer un transfère et donc on se heurte à un échec.

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Glissement des critères du développement

Imaginons que nous choisissions d’autres indicateurs du développement : le degré de stress des membres du groupe avec comme indicateur le taux de suicide ou la consommation de médicament, le degré de spiritualité, le degré d’harmonie, …

Mais en effet, ces critères ont changés, en 1990 avec le PNUD qui a transformé les critères d’évaluation du développement en proposant un nouvel indicateur : l’IDH qui se base sur l’espérance de vie, le niveau d’éducation et le niveau de vie. Ainsi, le développement n’est plus qu’une question de production matérielle ni de dynamisme économique et intègre le bien être individuel et collectif.

Il y aurait là un critère nouveau à envisager, ce qui a déjà été fait notamment à travers la notion de développement durable. On n’est plus ici dans la classification mondiale des pays mais c’est plutôt une conception du développement qui va être dégainé à l’intérieur de chaque pays au niveau national. Au niveau interne, cette notion est intéressante car elle nous montre que l’on peut combiner plusieurs critères pour évaluer le développement d’une nation. On va assister à l’abandon des seuls critères économiques en leur intégrant la donnée écologique et environnementale. Il y a ceux qui s’en préoccupent et ceux qui la refuse. Dans cette démarche d’intégrer l’écologie à cette notion de développement, on va se rapprocher inconsciemment des sociétés traditionnelles qui ont toujours vécues dans l’écologie. Ainsi, nous les avons imitées sans pour autant renier nos valeurs. Il faut réinventer sa propre culture au gré des besoins et des évolutions. Et pourquoi ne pas faire cela en s’inspirant des autres, à condition toujours de ne pas le faire dans le jugement de valeurs qui vouerait l’entreprise à l’échec. 

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Abandon Necessaire de la posture ethnocentriste

Revenons sur la démarche ethnologique, possible qu’à partir du moment où l’on perçoit sa propre civilisation comme l’une parmi d’autre. Il faut cesser de tenir l’autre comme étant barbare. C’est seulement à ce moment là que l’on pourra accéder au dialogue des civilisations pour reprendre Lévi Strauss. Ce renoncement est désormais admis par la communauté scientifique, c’est une chose, mais il n’en est pas moins difficile à mettre en œuvre car il n’est pas naturel.

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Regard éloigné

Toute culture peut être décrite par un étranger à cette culture, à une condition qui est celle du regard éloigné de sa propre culture, qui soit en fait le moins conditionné possible par ses propres valeurs. Cette exigence doit être nuancée car il existe des obstacles à sa mise en œuvre. D’ailleurs est-elle vraiment possible ? Car il y aussi le risque inverse, d’être happé par la culture observée et donc ne plus pouvoir revenir.

Le conditionnement culturel de l’observateur :

L’observateur est nécessairement conditionné, il ne peut pas y échapper. En particulier, lorsqu’il interprète les données, tous ce qui a fait l’objet de son étude, il va être contraint de se référer à une grille d’analyse unique, à une méthode d’analyse unique et ce à partir les catégories occidentales de pensée et d’analyse. Finalement, le conditionnement culturel est surtout dans la démarche scientifique. Cela est inhérent à l’observateur et il est impossible de s’en départir.

Le conditionnement dépend aussi de la sensibilité de chacun une fois sur le lieu d’observation ; on est dans le subjectif mais la seule réalité qui soit est scientifique. L’observateur est conditionné par sa méthode de travaille à laquelle il ne peut renoncer. Pour Jean Malaurie, « le regard est toujours une projection de l’observateur sur l’observé ». Cet anthropologue est farouchement opposé à la mondialisation et l’unification des cultures. Il nous dit d’ailleurs à ce sujet que le « pluralisme culturel est la condition du bien fondé de l’humanité ».

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Regard éloigné 2

L’observateur peut aussi se laisser séduire, happer par la société observée et dans cette hypothèse, il peut y perdre ses propres repères. L’éloignement « fatal » : le reniement de soi :

L’observateur qui s’éloigne ne doit pas s’identifier à la société observée au risque de perdre sa propre identité culturelle. L’idée est la suivante, le contact avec l’autre, avec une autre culture, peut produire chez l’observateur, une attirance telle que la finalité de l’entreprise s’en trouve dévoyée voire même compromise. Dans ce contexte, deux attitudes sont à envisager :

Le dépaysement va susciter, ce que l’on appelle dans le langage scientifique, un doute anthropologique. Le doute ici va porter sur la méthode, les outils d’analyse et le raisonnement. La démarche scientifique paraît à l’observateur comme étant inappropriée puisque nécessairement conditionnée et donc jugée comme insuffisamment objective. On remet en question purement et simplement les outils de travail à la disposition de l’anthropologue. Cette remise en question peut éventuellement être créatrice : le scientifique y étant confronté peut inventer une nouvelle méthode mais en générale cela compromet la méthode car l’anthropologue n’a pas les moyens de modifier sa méthode et n’a donc plus d’outils.

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Regard éloigné 3

L’observateur qui s’éloigne ne doit pas s’identifier à la société observée : attraction irrésistible. L’enquête de terrain va avoir des effets pervers, en vivant près de l’autre, on va en épouser la culture ce qui n’est pas le but de la démarche. Une telle identification n’est évidemment pas souhaitable car cela va conduire l’observateur à idéaliser la société observée (il faut rester objectif), au point de se renier. Ce type de fascination, lorsqu’elle ne conduit pas au reniement de soi, peut engendrer des analyses fallacieuses et susciter des reproches (ex : fabrication d’un « bon sauvage » généreux, démocrate, écologiste, en somme doté de toutes les vertus et oublier des données moins séduisantes comme l’infanticide, l’anthropophagie, toutes ces données qui choquent). On leur reproche en fait de faire un tri et de négliger une approche globale de la culture étudiée pour essayer de réhabiliter certaines sociétés traditionnelles en stigmatisant les travers de la société moderne. 

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Posture Mediane

L’anthropologue doit ici se donner les moyens d’une approche aussi objective que possible et pour cela il faut respecter certaines règles

1. Il faut accepter d’utiliser les outils intellectuels à notre disposition alors même qu’ils sont influencé par le modèle de penser occidental. Il faut repousser la tentation du doute anthropologique.

2. Il faut observer, interpréter et comparer l’objet étudié dans son ensemble et pas seulement des éléments choisis bien que l’objet puisse être préalablement défini. En effet, la tentation est grande de ne soumettre que certains éléments  et d’occulter certains éléments qui peuvent susciter un très grand sentiment de rejet de la part de l’observateur (du fait de sa culture).

Lorsque nous somme confronté au dégout à l’égard de certaines pratiques, une fois la réaction éprouvée, il faut entreprendre l’analyse scientifique de ces pratiques. C'est-à-dire qu’il faut essayer de les comprendre, sans pour autant les approuver, et de les interpréter en les replaçant dans leur contexte (à quelles exigences culturelles ces pratiques répondent-elles ?).

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Posture Mediane 2

Lévi Strauss a étudié l’anthropophagie dans Tristes tropiques.L’auteur nous explique  qu’il y a plusieurs formes d’anthropophagies : 

1. Les formes alimentaires dans un contexte dramatique comme la famine ou la carence et pratiquée pour assurée la survie du groupe. On peut parler ici de cannibalisme de survie. 

2. Les formes positives pratiquées en dehors de ces situations extrêmes évoquées précédemment. Pour expliquer ces pratiques et après les avoir analysées puis replacée dans leur contexte,  il nous dit qu’elles reposent sur l’idée qu’absorber une partie du corps d’un parent décédé va permettre d’en acquérir les vertus (andocannibalisme funéraire : ando, qui fait parti du même groupe) ou bien qu’absorber une partie du cadavre d’un ennemie va permettre d’en neutraliser les pouvoirs (exocannibalisme guerrier : exo, extérieur au groupe). Le fondement des ces pratiques est l’idée qu’il existe un lien entre le corps et l’âme et que donc en mangeant le corps du défunt, on va toucher à son âme et donc acquérir un transfère bénéfique de celui qu’on absorbe.

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Juste distance

L’anthropologie exige un positionnement médian entre la culture de l’observateur et celle de l’observé. Il faut s’éloigner de sa propre culture sans trop se rapprocher de l’autre. Par contre, cela ne veut pas dire que l’anthropologue n’a pas de sentiments ou de jugement propre puisque cela est humain de former des jugements personnels et d’avoir des sentiments, ceux-ci étant liés à sa culture d’origine. Mais il ne s’agit que de jugements ou sentiments qui doivent être dépassés et surtout ne pas ériger ses sentiments personnels en conclusion scientifique. Là aussi, l’erreur serait de porter un jugement de valeur.

Pour illustrer ce positionnement médian, on va reprendre la suite de l’exemple de l’anthropophagie de Tristes tropiques. Lévi Strauss oppose l’anthropophagie (capacité d’une société à assimiler des vertus ou neutraliser des pouvoirs grâce à la chair humaine) à l’anthropémie (anthropos, homme et emein, vomir). Il invente ce dernier mot pour qualifier une société qui rejette des individus nuisible du corps social en les enfermant dans des prisons. Son idée est de présenter les mœurs différentes de deux sociétés qui sont horrifiées l’une par l’autre car chacune voyant dans les pratiques de l’autre une forme de barbarie. Chacune des coutumes inspire le même type d’horreur à l’autre. L’intérêt de cette juste distance, dans ce cas, est de prendre du recul sur l’anthropophagie mais aussi sur les pratiques pénitentiaires occidentales.

Il est essentiel de parvenir à atténuer un certain déterminisme, au sens de lien qui nous rattache à nos valeurs, comme la finalité de la discipline est partir pour mieux revenir.

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Partir pour mieux revenir

Partir, c’est se détacher de son identité culturelle, sans l’aliéner, pour être ne mesure d’observer l’autre avec objectivité. Il y a malgré tout deux pôles dans la démarche anthropologique : la société d’origine et la société observée. Ce qui va nous permettre de mieux comprendre cette image, est qu’aucun de ces deux pôles ne doit jouer un rôle d’aimant sur l’observateur. A trop rester près du pôle d’origine, le regard peut être faussé par l’ethnocentrisme. Mais à l’inverse, à trop s’en éloigner, le regard peut être fossé par l’identification à l’autre. D’où l’exigence d’une position médiane.

Revenir, c’est utiliser les observations faites pour éclairer le fonctionnement des valeurs de la société d’origine et pourquoi pas en révéler la ou les dimension(s) « barbares ».

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Formes ou manifestations de l'ethnocentrisme

Ethnocide

Cela consiste à faire disparaître physiquement un peuple, une tribu, une ethnie. Lorsqu’il y a des raisons ethniques, on peut y relier le terme de génocide qui consiste à l’extinction physique et programmée d’un groupe.

Il y a des formes moins radicales de l’ethnocide, qui lorsqu’il n’est pas physique est culturel. On parle ici de déculturation. C’est le genre le plus fréquent qui peut résulter d’une entreprise de conquête, de civilisation ou de modernisation et ce de manière directe ou non (ex : déforestation en Amazonie, ONG qui provoquent sans le vouloir certains déséquilibres dans l’orientation sociale, …). Il s’agit d’une ingérence inscrite dans une perspective altruiste mais qui conduit à des déséquilibres menant à une déculturation partielle ou totale et ce quelque soit le processus qui est a l’œuvre.

L’ethnocide peut aussi prendre la forme de déculturation juridique. C’est le cas lorsque la société occidentale chercher à associer son droit à une société traditionnelle dans un processus de colonisation (pour imposer il faut dominer). Si les populations ne résistent pas à ce transfère, le droit importer se substitue au droit traditionnel qui va disparaître purement et simplement du paysage juridique. C’est une forme assez rare cas dans la plupart, les populations locales très attachées à leur droit ont résisté.. L’ethnocentrisme est en effet une notion intellectuelle et moderne proche d’une autre posture qui est le racisme. Par contre elles doivent être nuancées et non confondues.

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Formes ou manifestations de l'ethnocentrisme 2

Racisme

L’ethnocentrisme et le racisme présentent un point commun qui est la méconnaissance de l’autre. Mais il existe tout de même des différences.

L’ethnocentriste va valoriser sa propre culture tout en laissant aux « sauvages », aux « primitif », une chance, c'est-à-dire la possibilité de s’améliorer en se civilisant sur le modèle de la culture occidentale.

Ce n’est pas du tout le même processus dans le cadre du racisme car celui-ci va se fonder sur des déterminants biologiques irréductibles. Cela consiste à prétendre tout d’abord qu’il existe des races distinctes. Ensuite certaines races sont inférieures, on introduit une hiérarchisation des races. Le dernier point et le plus important, est que cette infériorité n’est pas sociale ou culturelle (acquise) mais elle est innée et biologiquement déterminée. Dans cette perspective, celui qui fait l’objet d’un tel jugement est condamné à une infériorité insurmontable car biologique. Pour en arriver là, l’Histoire nous montre que des scientifiques ont entrepris une démarche visant d’abord à prouver l’existence de races humaines.

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Temps de la raciologie et des taxinomies arbitrair

La raciologie est l’étude des types humains comme étant porteurs de caractères héréditaires différents. La taxinomie est la classification. Les premières classifications raciales à prétentions scientifiques apparaissent au XVIII°. Le terme race désigne, de manière général et pour l’ensemble du vivant, une subdivision de l’espèce classée sur des caractéristiques biologiques. On éprouve en fait une nécessité de classer les nouvelles espèces découvertes et c’est logiquement que l’on en vient à étudier l’espèce humaine

Les premières taxinomies se basent sur l’observation, c'est-à-dire sur le physique des individus (formes et couleurs). Ainsi dans la classification sont pris en compte la couleur de la peau, la nature des cheveux, les dimensions du crâne...

Dans cette classification de l’innée, on distingue trois races majeurs: la race blanche (caucasoïde), la race noire (négroïde) et la race jaune (mongoloïde).

Nous sommes vraiment dans une description objective physique sauf qu’à un certain moment les taxinomistes vont tomber dans un travers. Au-delà de la démarche scientifique, ils vont tomber dans le jugement de valeur et donc introduire une classification, hiérarchisation des êtres vivants.Il est important de rappeler que, reclassées dans leur contexte, il s’agit là de conclusions de professionnels soucieux de faire œuvres scientifiques

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Temps de la raciologie et des taxinomies arbitrair

Ces deux composantes mises en évidence, critères objectifs et subjectifs, nous permettent de faire la différence entre la raciologie et le racisme. Il faut voir dans la raciologie une démarche scientifique basée sur des critères objectifs pour tenter de mettre en place des méthodes de classement. Il faut prendre conscience que l’on peut chercher à définir et classifier des races sans être pour autant raciste. C’est ce que faisaient les naturalistes au XVIII° avant de tomber dans le jugement de valeur. C’est différent du racisme qui consiste à comparer les races en attribuant une valeur à chacune sur la base d’éléments subjectifs.

Différence + Taxinomie + Jugement de valeur = Racisme

C’est dans ce contexte intellectuel que va baigner le XIX°, on peut le voir notamment avec Jules Ferry qui justifie la colonisation comme une bienveillance envers les races inférieures. On va cependant arriver à une évolution avec le progrès des techniques scientifiques.

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Races humaines : un non sens biologique

Le racisme postule de l’existence d’être humains possédant un patrimoine biologique meilleur ou moins bon, permettant ainsi une hiérarchisation. Le précurseur dans ce domaine est le moine botaniste autrichien Mendel. Ce dernier est le fondateur de la biologie moderne, il a fait émergée une idée qui ne s’est jamais démentie : l’unité de l’espèce humaine étant donné que nous puisons tous nos gènes dans un patrimoine génétique commun. Pour qu’il y ait des races il faudrait que des groupes humains aient été séparés sur des périodes suffisamment longues, pour que cet isolement puisse produire une différenciation génétique suffisante. Jacquart appelle ce phénomène les fissions successives et dans son ouvrage savant a porté philosophique Eloge de la différence.

La science nous dit que ce n’est pas entre les groupes mais plutôt entre les individus que nous observons la plus grande différenciation génétique. La génétique est complètement impuissante à classer, regrouper et à fortiori évaluer les individus tous différents. C’est pour cela que la définition de race ne peut être qu’arbitraire et subjective.

Il y a bien des différences biologiques et physiques entre les individus, mais il y a également des similitudes (phénotypes assez proches). C’est parce que nous puisons individuellement dans un patrimoine génétique commun que nous ne pouvons absolument pas classer et a fortiori hiérarchiser.

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Races humaines : un non sens biologique

L’idée de race supérieure ou pure est un « non sens biologique » nous dit Jacquart, c’est seulement un mythe sans fondement scientifique. Il ajoute, qu’au lieu d’envisager qu’un groupe d’humain vivant suffisamment longtemps séparé des autres puisse éventuellement produire une différenciation génétique, il faut plutôt considérer le métissage qui est essentiel pour éviter la dégénérescence

On peut constater aujourd’hui que la science apparaît comme assez impuissante face aux vieux démons. Peut être n’est elle pas assez médiatisée et entendue sur ce sujet. D’une autre part, l’Homme a fondamentalement peur de la différence et donc la classification est quelque chose d’assez rassurant pour lui. Enfin, le sentiment d’appartenir à un groupe différencié voire supérieur à vocation à en renforcer la cohésion. Ce dernier point reste instrumentalisé et à beaucoup servi de propagande pendant la seconde guerre mondiale. Le racisme est donc une classification qui émane de la peur de l’autre.

A travers ou à coté du racisme, l’ethnocentrisme continu à être très rependu. Ces deux postures sont très vivaces dans l’opinion qui n’est pas tourné vers la science ou l’ethnologie mais ne sont par contre plus des postures adoptées par les scientifiques (elles sont même totalement rejetées). Cela n’a pas toujours été le cas et les anthropologues eux même sont tombés dans ce piège, notamment lors de la naissance de cette science elle-même.

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Fondement ethnocentriste de l’évolutionnisme

D’après cette doctrine, l’évolution de l’humanité suit un schéma unique (quelque soit les groupes, les sociétés, …) caractérisé par des phases successives. La phase originelle du processus d’évolution est l’état sauvage ou primitif. La phase ultime du processus d’évolution est quant à elle la civilisation, incarnée par les sociétés dites modernes.

Ce qui est intéressant est que ce courant de pensé considère que les sociétés primitives contemporaines sont des sociétés vestiges qu’il faut étudier car elles nous éclairent sur notre propre passé : elles sont aujourd’hui ce que nous avons été il y a fort longtemps.

Le principal représentant de ce courant a été Morgan, fondateur de l’anthropologie. Il développe l’évolutionnisme dans un ouvrage appelé Ancient society. Dans sa théorie, il y a trois stades principaux, eux-mêmes subdivisés, de l’évolution de chaque société humaine sont : l’état sauvage (stade inférieur : cueillette, apparition du langage articulé, promiscuité primitive/ stade moyen : cuisson, pêche/ stade supérieur : arc et flèches, outils en bois, panier tressé, utilisation d’écorce de jonc), la barbarie (stade inférieur : poterie, domestication des animaux, premières cultures de plantes/ stade moyen : élevage d’animaux domestique, cultures avec système d’irrigation et séchage au soleil, travail de certain métaux/ stade supérieur : fonte du fer, utilisation de la charrue) et enfin la civilisation (invention de l’écriture alphabétique, agriculture sur de grandes étendues, développement rapide de la population, industrialisation, art).

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Postulats évolutionnistes

Pour les évolutionnistes, il existe un sens de l’évolution qui est toujours le même, pour toutes les sociétés et pour toutes les composantes d’une culture.

Sur le plan politique, l’évolution va se faire sur le plan de l’étatisation. Le stade primitif étant celui d’une société acéphale (sans état).

Sur le plan économique, l’évolution va dans le sens de l’industrialisation, la multiplication des échanges, l’individualisation du travail. Le sens primitif est celui d’une économie de subsistance fondée sur la cueillette, la chasse, la pêche puis l’agriculture, l’élevage. On considère ici des sociétés qui vivent en autarcie qui consomment ce qu’elle produit et sans trop d’échanges.

Sur le plan juridique, le droit évolué est celui qui s’est dégagé de différents ordres prescriptifs. L’évolution est également par le passage d’un droit populaire né du groupe social (la coutume), à un droit étatique (la loi). Un autre postulat est celui qui concerne le règlement des conflits, on est passé du mode conciliatoire extrajudiciaire au modèle contentieux dans le cadre de cette justice étatique. 

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Postulats évolutionnistes

En matière pénale les évolutionnistes prétendent qu’il existe différents stades dans la prise en compte et la gestion des actes nuisibles. Le premier est celui de la vengeance illimité (vengeance avec enchainement sans fin de violence) entre la victime et l’auteur d’une agression quelle qu’elle soit. Le second est celui de la vengeance encadrée ou limité quand apparaît une régulation sociale de la violence (ex : la loi du talion qui suppose la stricte réciprocité dans la mise en œuvre de la vengeance). Le troisième est le rachat de la vengeance par notamment le versement de compositions  pécuniaire d’abord négociées entre les parties puis imposées par la norme (ex : la loi salique), il s’agit d’un système de peine privée comme l’auteur d’une infraction va payer sa dette, non pas à la société mais à la victime. Le quatrième est la mise en œuvre d’une peine publique qui consiste a ce que l’Etat se charge de la répression grâce à appareil judicaire d’Etat qui va poursuivre et sanctionner au nom de la société, le délinquant ici va payer sa dette a la société sous forme de peines corporelles, privatives de libertés ou pécuniaires. Dans l’étatisation on ne néglige évidemment pas la victime puisque sur le plan civil le délinquant doit verser des dommages et intérêts à celle-ci. Mais sur le plan pénal il doit sa peine à l’Etat.

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Evolutionnisme : compromis intellectuel rassurant

Lorsque l’Homme est confronté à la différence et en particulier la différence qu’il ne comprend pas ou qui le choc, il est tenté de nier cette différence ou de la condamner. L’évolutionnisme finalement a résolu ce problème, il a permis d’éviter la négation et la condamnation des différences car c’est un compromis rassurant. Il permet de rendre compte de la diversité culturelle et de dépasser les aspects jugés choquants, primitifs des cultures en postulant que l’évolution de toute société conduit au même point. Finalement, le stade primitif de cette doctrine, avec tout ce qu’il y a de choquant dans la culture et dans la différence, n’est qu’une étape vers un stade plus évolué. La diversité n’est qu’apparente puisque toutes les sociétés convergent vers le même but. Ce qui est rassurant aussi dans cette doctrine, c’est que l’Humanité est une et non pas diverse, cette unité se réalise au terme d’un processus invariable qui conduit à la civilisation. On pet résumer cela en disant qu’il n’y a pas véritablement de différences culturelles mais il y a différentes phases d’une évolution identique.

Lévi-Strauss présente ce positionnement intellectuel comme cela mais n’y adhère pas. Au **°, on prouvera que cela est erroné et les ethnologues la réfuteront.

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Evolutionnisme : compromis intellectuel rassurant

Lorsque l’Homme est confronté à la différence et en particulier la différence qu’il ne comprend pas ou qui le choc, il est tenté de nier cette différence ou de la condamner. L’évolutionnisme finalement a résolu ce problème, il a permis d’éviter la négation et la condamnation des différences car c’est un compromis rassurant. Il permet de rendre compte de la diversité culturelle et de dépasser les aspects jugés choquants, primitifs des cultures en postulant que l’évolution de toute société conduit au même point. Finalement, le stade primitif de cette doctrine, avec tout ce qu’il y a de choquant dans la culture et dans la différence, n’est qu’une étape vers un stade plus évolué. La diversité n’est qu’apparente puisque toutes les sociétés convergent vers le même but. Ce qui est rassurant aussi dans cette doctrine, c’est que l’Humanité est une et non pas diverse, cette unité se réalise au terme d’un processus invariable qui conduit à la civilisation. On pet résumer cela en disant qu’il n’y a pas véritablement de différences culturelles mais il y a différentes phases d’une évolution identique.

Lévi-Strauss présente ce positionnement intellectuel comme cela mais n’y adhère pas. Au **°, on prouvera que cela est erroné et les ethnologues la réfuteront.

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Evolutionnisme : compromis intellectuel rassurant

Lorsque l’Homme est confronté à la différence et en particulier la différence qu’il ne comprend pas ou qui le choc, il est tenté de nier cette différence ou de la condamner. L’évolutionnisme finalement a résolu ce problème, il a permis d’éviter la négation et la condamnation des différences car c’est un compromis rassurant. Il permet de rendre compte de la diversité culturelle et de dépasser les aspects jugés choquants, primitifs des cultures en postulant que l’évolution de toute société conduit au même point. Finalement, le stade primitif de cette doctrine, avec tout ce qu’il y a de choquant dans la culture et dans la différence, n’est qu’une étape vers un stade plus évolué. La diversité n’est qu’apparente puisque toutes les sociétés convergent vers le même but. Ce qui est rassurant aussi dans cette doctrine, c’est que l’Humanité est une et non pas diverse, cette unité se réalise au terme d’un processus invariable qui conduit à la civilisation. On pet résumer cela en disant qu’il n’y a pas véritablement de différences culturelles mais il y a différentes phases d’une évolution identique.

Lévi-Strauss présente ce positionnement intellectuel comme cela mais n’y adhère pas. Au **°, on prouvera que cela est erroné et les ethnologues la réfuteront.

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Le diffusionnisme et le fonctionnalisme

Le diffusionnisme consiste à affirmer que les sociétés n’évoluent pas suivant ce mouvement linéaire et uniforme (unilinéaire) mais elles évoluent sous l’effet des contacts qu’elles ont entre elles. Pour les diffusionnistes, la plupart des composantes d’une culture ont été empruntés à une autre culture par le biais de cette diffusion. Cette diffusion peut résulte de mouvements migratoires ou de contacts prolongés avec des sociétés  assez proches géographiquement. Les adhérents à cette doctrine vont essayer de reconstituer les contacts interculturels pour en évaluer la nature et l’ampleur : mettre en évidence les mécanismes d’acculturation (manière dont les individus vont s’adapter à une culture étrangère lorsqu’il rentre en contact avec).

Le contrepied à l’évolutionnisme est que les cultures ne sont plus réductibles à un stade historique d’évolution mais que les différences culturelles s’expliquent essentiellement par un phénomène d’emprunt et de contagion. Dans un tel système, les sociétés seraient donc incapable d’évoluer (au sens de changement, mutation) seules elles mêmes. Cette théorie sous estime le potentiel d’innovation des sociétés en général.

Franz Boas (1858-1942) grand adepte de cette théorie qui s’y détachera ensuite (démarche récurrente chez les ethnologues).

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Le diffusionisme et le fonctionnalisme

Malinowski nous dit que la culture ne doit pas être appréhendée dans une perspective diachronique (historique) mais synchronique (dans le présent). L’approche du fonctionnaliste part du principe qu’une culture est un système indissociable, cohérent dont les éléments sont solidaires et en interaction. Ensuite chaque élément de la culture en question joue un rôle social : chaque élément remplie une fonction précise au sein de ce tout. Tout est lié harmonieusement pour satisfaire les besoins humains.

D’un point de vue méthodologique, un fait quelque conque ne peut être appréhendée que s’il est saisi dans son contexte. On ne peut pas essayer d’interpréter cet élément en le prenant isolément. Chaque donnée culturelle est une réponse à un besoin qu’il faut identifier pour saisir le sens et la fonction de cet objet culturel.

Cette théorie a été considérée comme hyper fonctionnaliste. La critique se comprend à la lumière des autres théories et tient au fait qu’elle réfute l’interprétation historique, la dimension historique des cultures et qu’elle sous estime aussi l’importance des contacts interculturels. Ces sociétés, telles qu’elles sont étudiées, apparaissent donc comme figées dans le temps et l’espace.

Malinowski a aussi été fortement critiqué car son expérience a été jugée trop faible car se portant uniquement sur une seule population. Il n’a pas vérifié ses théories sur d’autres contrées. En revanche, l’anthropologie lui doit tout de même énormément quant à sa méthode bien spécifique de travail. 

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